Véritable histoire du 8 décembre

Au fil du temps, les racines des festivités du 8 décembre, entre la peste, la guerre contre la Prusse et l’inauguration de Fourvière, se confondent dans les souvenirs collectifs. En dépit du récit officiel et de la tradition, des événements oubliés ont contribué à donner naissance à la Fête des lumières.

Ce n’est pas la peste

En 1638, face à la menace d’une épidémie de scorbut touchant les enfants de l’Hôtel-Dieu, une procession majeure se déroule sur la colline, préfigurant celle qui restera gravée dans les mémoires en 1643. Le 12 mars de cette même année, par crainte d’une nouvelle épidémie de peste, les échevins sollicitent la protection de la Vierge pour la ville. En échange, ils s’engagent à organiser une procession chaque 8 septembre, jour de la nativité de la Vierge. Lyon est préservée, en partie grâce aux avancées médicales et à l’héritage laissé par la redoutable peste de 1628, qui a incité les autorités municipales à instaurer des mesures rigoureuses. Malgré tout, la promesse faite est scrupuleusement honorée.

Ce n’est pas la guerre contre la Prusse

La promesse émise par les lyonnais à la vierge Marie en 1870 afin de protéger Lyon de la guerre contre la Prusse n’est pas liée aux célébrations du 8 décembre. Les troupes prussiennes ont investi Lyon en 1870, soit deux décennies après l’événement fondateur du 8 décembre. Cependant, durant cette période, les autorités se sont engagées à ériger la basilique de Fourvière, un projet concrétisé à partir de 1872.

La véritable raison

À la fin des années 1840, l’église de Fourvière se trouvait en piteux état, ayant subi les ravages du temps ainsi que les séquelles des divers bombardements pendant la Révolution et les révoltes des canuts. Sans lien direct avec une requête ou un vœu exprimé à l’attention de Marie, les autorités ecclésiastiques prennent la décision de reconstruire le clocher dans des proportions plus imposantes. Pour parfaire cet ouvrage, l’idée d’ajouter une imposante statue de la Vierge, mesurant cinq mètres de haut et dominant la ville, est adoptée. Un concours est lancé pour cette réalisation, remporté par le sculpteur Fabisch.

La date de l’inauguration suscite alors des débats et des discussions. Il faut que le jour de l’inauguration coïncide avec une fête mariale. Ainsi, les autorités religieuses optent pour la première célébration mariale qui suit dans le calendrier : le 8 septembre. Malgré une planification méticuleuse, les conditions météorologiques perturbent à plusieurs reprises le déroulement des événements. Durant l’été 1852, des inondations dévastatrices engloutissent la ville, impactant l’atelier du fondeur en charge de la statue. La décision est alors prise de reporter les festivités à la prochaine fête mariale ! Le 8 décembre, jour de la conception de la Vierge selon la Bible, est alors choisi comme solution de repli.

Déjà un business 

La date tant attendue approche à grands pas. Les autorités religieuses ont l’intention de marquer ce jour particulier en misant sur les effets pyrotechniques et les feux de Bengale pour illuminer la statue. Les illuminations privées sont censées être le point culminant de cet événement. Les journaux de l’époque vantent les mérites des vendeurs de lumignons et autres éclairages, certains allant jusqu’à diffuser des publicités dans la presse, signalant ainsi le début d’une dimension commerciale pour la fête. Il faut savoir que, le 2 décembre, Napoléon proclame le Second Empire, et des illuminations sont prévues dans toute la France pour le 5 décembre. Cependant, Lyon ne suit guère ce mouvement : la classe ouvrière, issue des canuts, refuse de rendre hommage à celui qu’elle considère comme ayant dénaturé sa révolution, et les autorités religieuses se concentrent surtout sur le 8 décembre à venir. Par conséquent, bougies et lumignons sont conservés pour l’événement prévu.

Les habitants décident, l’église suit

La météo joue à nouveau un rôle crucial. Le 8 décembre, de puissants orages éclatent. Face à cette situation, les autorités religieuses décident de différer les festivités au dimanche suivant, soit le 12, et demandent aux fidèles de s’abstenir. Cependant, les habitants de Lyon ne tolèrent plus d’être dirigés dans leur comportement. Après déjà trois mois d’attente, leur détermination est ferme : ils suivront le programme initial. Le soir du 8, les nuages se dissipent tandis que les lumières des bougies émergent aux fenêtres. La population envahit les rues et les commerces proposant des illuminations sont pris d’assaut. La dynamique change : ce n’est plus les autorités religieuses qui dictent le déroulement des événements à la ville, mais l’inverse. Face à cela, elles n’ont d’autre choix que de suivre le mouvement et illuminent finalement la chapelle de Fourvière.

Quant aux célébrations officielles, elle se déroulent le 12 décembre et se prolonge jusqu’au 19. Cependant, c’est la date finalement sélectionnée par les habitants de Lyon (8 décembre) qui restera ancrée dans la tradition, plutôt que celle décrétée par les autorités.

L’usage des illuminations remonte à l’Antiquité

Les illuminations étaient une pratique courante dans le bassin méditerranéen, observée chez les Égyptiens, les Grecs et les Romains. Durant l’Antiquité, ces lumières spéciales marquaient les festivités et les moments glorieux. Les habitants des villes décoraient leurs fenêtres avec des lampes et des petits luminaires pour célébrer les événements importants. Ces illuminations ont persisté à travers les traditions, perdurant du Moyen Âge jusqu’à la Renaissance, conservant à la fois leur symbolisme et leur aspect pratique. À Lyon, tout comme dans d’autres villes du royaume de France, l’arrivée d’une personnalité éminente était soulignée par l’illumination de la cité. La splendeur et la renommée d’une ville étaient alors mesurées en fonction de la qualité et de la quantité de ses lumières.

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