Guignol

Laurent Mourguet, le créateur de Guignol, est né à Lyon en 1769, au sein d’une famille de canuts. Très jeune, il a appris le métier de tisseur. Vers 1797, il a commencé à pratiquer en tant qu’« arracheur de dents ». Dans la tradition de ce métier, il a mis en place un petit théâtre de marionnettes pour attirer la clientèle, présentant des pièces de la Commedia dell’arte. Plus passionné par le théâtre que par l’extraction dentaire, il a monté en 1804 un petit castelet où il a improvisé une partie du spectacle en s’inspirant de l’actualité. Cette habitude est restée, permettant à Guignol d’exprimer son esprit frondeur et satirique.

Les origines de Gnafron

Il a alors fait équipe avec un amuseur public déjà connu, Lambert Grégoire Ladré, surnommé le Père Thomas, réputé pour ses jeux de mots et ses moqueries. Leur complicité était totale. Ils ont compris tous les deux que pour obtenir le succès, ils devaient proposer autre chose que les marionnettes italiennes. Cependant, leur entente avec le Père Thomas a été de courte durée car celui-ci avait l’habitude de se piquer le nez. Pour le remplacer, Mourguet a créé une marionnette pleine d’éloquence et de gaieté : Gnafron est né, dérivé du mot lyonnais « gnaffre », désignant le cordonnier. Ce personnage est campé avec truculence, arborant un chapeau haut-de-forme cabossé, un tablier en cuir, un nez boursouflé et rougeoyant.

Origines d’un personnage emblématique

En 1808, Mourguet sculpte une marionnette à son image : une face ronde, deux yeux malicieux et un sympathique petit nez retroussé. Il l’habille à la mode du Père Coquart, comme les canuts de son époque, avec un habit marron orné de boutons dorés et un nœud papillon rouge. Il lui donne un chapeau mou en cuir noir à oreillettes rabattues sur sa « sarsifis » (une natte de cheveux enrubannée). Quant à l’origine du nom Guignol, elle reste sujette à débat, avec plus de dix explications différentes malgré les deux siècles écoulés depuis sa création, faute de documents clairs.

Guignol : le porte-parole des modestes

Ensuite, Mourguet a créé d’autres personnages et a gagné en notoriété lorsqu’il a ouvert un café-théâtre, façonnant Guignol dans sa forme définitive de satire et de parodie en se basant sur les défauts de ses contemporains. Au-delà de la comédie, avec sa moralité simple et son esprit moqueur, Guignol dénonçait les injustices et devenait le porte-parole des gens modestes et des marginaux. Armé de son bâton, qu’il appelait également « tavelle », « clarinette pour faire danser les ours » ou « racine d’Amérique », Guignol incarnait un justicier. Comme l’a écrit Louis Jacquemin : « Ils bernent les riches et les puissants, frappent sur les gendarmes, se moquent pour se défendre des propriétaires, des huissiers et même des juges… »

Ce mélange d’espièglerie, de bravade et d’insolence fait que, deux siècles plus tard, Guignol demeure toujours aussi apprécié.

Guignol, l’âme populaire de Lyon – ARTE Family

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